Quand la liberté d’expression consiste à ne rien faire

En 2011, la police du Belarus a arrêté de nombreuses personne lors d’une manifestation silencieuse à Minsk. Annabelle Chapman s’intéresse à ce cas.

Exposition des faits

Le 20 Juillet 2011, une foule s’est rassemblée à Minsk, en Bélarus. Le rassemblement avait été coordonné par l’intermédiaire de médias sociaux, afin de protester contre le régime autoritaire du Bélarus dans le contexte de difficultés économiques grandissantes. Il n’y avait ni bannière, ni slogan. La «manifestation silencieuse» fut l’une des nouvelles méthodes inventives que les bélarussiens ont trouvé pour exprimé leur mécontentement, dans un environnement où l’opposition est réprimée. D’autres méthodes innovantes sont par exemple des rassemblements où les gens font sonner les alarmes de leurs téléphones portables en même temps.

Le 20 Juillet 2011, la police a dispersé le rassemblement et arrêté de nombreuses personnes. En réponse à ces événements, le parlement bélarussien a amendé la loi sur l’organisation d’événements de masse. La nouvelle loi adoptée le 3 Octobre 2011 interdit la planification de «présence de citoyens en masse ayant pour but […] l’action ou l’inaction» qui serait «une forme d’expression publique, politique, ou une manifestation.» En juin et juillet de cette année là, plus de 500 bélarussiens reçurent des sentences allant de 5 à 15 jours d’emprisonnement pour avoir participé à ces événements.

L'avis de l'auteur

La nouvelle loi réduit encore la liberté d’expression des bélarussiens, elle qui était déjà très limitée à travers la censure gouvernementale et l’interdiction de manifestations. En utilisant des actions inoffensives comme marcher ensemble ou taper dans les mains, ces «manifestations silencieuses» ont été une manière symbolique pour le public d’exprimer son mécontentement, même dans le contexte d’un gouvernement autoritaire. Lorsqu’un groupe de gens se réunit ainsi, il est difficile de discerner qui est un manifestant et qui est simplement un passant.

La nouvelle loi est absurde, mais elle possède également des implications dangereuses. Elle autorise la police à arrêter n’importe qui, puisque le critère de «culpabilité» est extrêmement vague. Le Gouvernement est si déterminé à affaiblir l’opposition qu’il devient suspicieux de chaque action publique. Même s’asseoir dans le centre ville pour apprécier le beau temps est devenu une forme de liberté d’expression.

- Annabelle Chapman

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Le Débat Sur La Liberté d'Expression est un projet de recherche du Programme Dahrendorf pour l'étude de la liberté au Collège St Anthony, Université d'Oxford.

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